du 24 juin au 5 novembre 2023

Serge Fauchier

Peintures 2021-2023

CONTINUITÉ ET RUPTURES

Commissariat : Martin Pierlot

Serge Fauchier est né en 1952.
Études à l’École nationale d’arts décoratifs de Limoges et à l’École des Beaux-Arts de Marseille.
Diplôme National Supérieur d’Enseignement Plastique-Peinture.
Enseignant à l’École des Beaux-Arts de Perpignan de 1974 à 2012 (Section Art), Directeur de la HEART (Haute école d’art) à Perpignan de 2012 à 2015.

Serge Fauchier expose régulièrement depuis les années 1970 dans de nombreuses galeries et institutions nationales et internationales parmi lesquelles la Galerie Matisse à New-York, les galeries Jean Fournier à Paris, Pierre Manuel et l’AL/MA à Montpellier, Jean-Paul Barrès à Toulouse.
Ses œuvres sont représentées dans plusieurs collections publiques et privées.

Serge Fauchier explore conjointement les possibilités de la peinture à travers des toiles libres de grand format et des toiles tendues sur châssis de format plus restreint.
La plupart des peintures constituées de bandes ondulatoires sont réalisées en Dordogne dans un espace vaste et ouvert frontalement sur l’extérieur, tandis que les tableaux sur châssis aux formes quadrangulaires sont produits dans un atelier plus organisé et architecturé à Perpignan.
Il fait du champ du tableau une expérience qui voit se mettre en forme la confrontation des pans de couleur, sujets récurrents, qu’il inscrit sur la toile.

Pour atteindre l’intensité et la puissance visuelle qu’il recherche, l’artiste s’appuie sur une économie de travail rigoureuse et épurée. Il noue intimement le peint et le non peint et articule trait, plan, forme et fond, dans une dialectique entre le positif et le négatif, le vide et le plein, la couleur et son absence, le blanc comme un ciseau matissien.
Ce travail pictural est soutenu depuis ses débuts par un travail d’écriture, intime et poétique. Serge Fauchier entretient une réflexion, théorique et pratique, sur les possibilités même de la peinture et tente, par l’écriture, de rendre compte de l’évolution et des ruptures dans le développement de son œuvre.

Un catalogue original rend compte de cette exposition.
Il est composé d’un entretien du peintre avec Pierre Manuel, de poèmes et des écrits de Serge Fauchier lui-même sur son propre travail au cours des années 2021-2023.

Toile sur châssis 22 × 27 cm février 2021 © photo © BD-F

Parfois je tourne et retourne avant de m’avancer, sans certitude sur la nature du chemin à emprunter. J’avance et me retire, marque et efface en me disant que décidément non, ce n’est pas là que je veux aller, et puis je reviens et reprends sur les traces de ce que j’avais enlevé, jusqu’à ne plus pouvoir reculer, ni biaiser.
Il arrive que les décisions soient difficiles à prendre, la direction à suivre n’apparaît pas toujours et c’est à tâtons que j’effectue les premières approches, au hasard et sans méthode, attendant parfois un coup de pouce de la chance pour trouver une voie positive.
Je délègue à la couleur, à ma mémoire, à l’étendue le pouvoir de me surprendre ; ensuite je regarde les résultats de mes recherches, incertain sur les suites à donner et, parfois, ce n’est que plus tard, avec d’autres réalisations et souvent dans un contexte différent, que je les rejoindrai.

Toile libre 216 × 284 cm juillet 2022 © BD-F

Mes peintures s’appuient sur des modes et des organisations formelles simples, si simples qu’ils demandent parfois un décryptage afin de prévenir les projections erronées.
Mes choix de couleurs se portent vers les teintes denses à la fois opaques et légères, sans doute en raison de mon attirance pour les coloris des fresques du Quattrocento italien…
Chaque couleur, tel un écho, une mémoire, partage ou échange une part de sa tonalité avec sa voisine afin de se rapprocher d’elle, tout en se différenciant et sans jamais se fondre.
Ma conception de la peinture est à la fois ancrée et évolutive, elle est précisée par chaque réalisation, mais revue et reconsidérée par la suivante. Je peins des blocs de couleur en tension dans les surfaces ou lance des tracés linéaires ondoyants en traversée des supports ; deux modes éloignés en apparence, mais rapprochés par les parts de non-peint qu’ils partagent.