
© Quentin Vibet
21 juin- 3 novembre 2025
Manon Gignoux
Femmes assises comme des montagnes
Vernissage le 21 juin à 18h
Manon Gignoux
Manon Gignoux développe une pratique artistique au croisement des arts visuels et de la danse et déploie une œuvre plurielle à travers le dessin/peinture comme une trace dansée autour de son corps. Accueillie en résidences à Ratilly au fil de cette année, elle y crée dessins, peintures, terres, sculptures textiles et vidéos qui sont présentés, en écho avec l’architecture et l’environnement du château.
Dans chaque dessin peinture, chaque sculpture textile, dans le travail de la terre, Manon Gignoux convoque, en faisant dialoguer ces éléments disparates avec humour, dans une volonté de sacralisation du dérisoire, des retrouvailles enjouées et irrévérencieuses, en forme de pied de nez au destin qui voudrait que tout ce qui meurt soit perdu. Elle suit son chemin, au fil des saisons, des paysages, et surtout, au fil de la relation qu’elle tisse avec les traces subtiles de vie, là où dans l’ombre émerge la lumière. La fleur se fane, et se fanant elle retourne à la terre, elle nous indique notre propre destin.
Ce qui se fixe sur le papier, la toile, le tissu, dans les gestes du modelage, c’est un état transitoire. Ce que Manon nous livre, ce n’est pas le constat d’une forme figée, mais le mouvement toujours déjà changeant d’un état à un autre, ici et ailleurs.
C’est ainsi que de l’atelier aux montagnes, du champ de fleurs au potager, du marché aux puces au château de Ratilly, Manon cherche, dans une transe humaine, vibrante, abandonnée au temps qui s’écoule, à relier entre elles ces traces que laissent à l’intérieur de chacun de nous les infinies modulations de la vie et du monde.
Projection pendant toute la durée de l’exposition de deux vidéos :
La chute est une élévation vers le bas
(Réalisation Manon Gignoux et Jérémie Legroux)
Mettre du corps à l’ouvrage, un portrait filmé de Manon Gignoux
(Réalisation Quentin Vibet)


© Jérémie Gignoux
Biographie
Après un premier cycle d’études aux Arts Appliqués Duperré, Manon Gignoux affirme une pratique artistique au croisement des arts visuels et de la danse, et intègre les Beaux-Arts de Paris, où elle est diplômée en 2019. Elle y reçoit le Prix de dessin contemporain en 2020 et la Bourse des amis des Beaux Arts en 2022. Elle réalise au Ministère de la Culture, et dans la Tour Horizon de Jean Nouvel, des dessins/ peintures muraux de très grande envergure. On retrouve ses dessins dans la collection des Beaux Arts de Paris, dans de nombreuses collections privées, ses vidéos chez Neuflize OBC, et ses sculptures textiles au musée Galliera.
Ses oeuvres ont été exposées en France et à l’international, notamment sur Drawing Now (2022/24), à la chapelle des Beaux-Arts et à l’Espace Commines (Paris), à la Friche de la Belle de Mai (Marseille), chez Out of the box (Bruxelles), au Shikokumura Museum (Ile de Shikoku, Japon). Elle a réalisé plusieurs livres d’artiste, dont Mibo (2020) nommé au Prix Révélation du livre d’artiste Mad/Adagp, et créé des costumes pour des danseurs et au théâtre, notamment au Th. de l’Odéon, avec Julie Brochen, au Th. de la Cité Internationale avec la Cie Tangible, au Th. de la Ville pour James Thiérrée et la Cie du Hanneton. Elle développe une pratique plurielle à travers le dessin comme une trace dansée autour de son corps, le vêtement détourné qui devient volume ou ombre révélée sur le papier, les images ou éléments perturbateurs, la vidéo, les performances. Ses recherches explorent la persistance du corps en son absence. Son rapport au temps et au mouvement, à l’inerte comme au vivant s’ouvre à de nouveaux territoires avec la rencontre inattendue entre une présence spectrale du vêtement et le végétal régénérateur de vie. Cette rencontre avec le vivant vient troubler l’aura du vêtement noir et marque l’avènement de la couleur dans son travail.
Une résidence à Ratilly
« Quand je suis venue à Ratilly, j’ai été frappée par cette cour intérieure, ce havre enclos de murs, et la cuisine qui donne vers l’extérieur du château. À l’automne il faisait froid et j’ai travaillé là, à l’abri de la cheminée monumentale. Au printemps, la cuisine étant occupée, je me suis fait un atelier au grenier. Je me suis laissée imprégner par l’esprit des lieux, et je m’y suis sentie accueillie. Il y a cette image de Jeanne Pierlot, tournant un pot devant une fenêtre, qui s’est superposée à celle de ma grand-mère Mibo, qui créait des monticules d’épluchures de légumes, face à une fenêtre de la maison familiale du Trièves. Mamy Blue, Jacqueline, avait, souvent, un petit bouquet d’anémones dans sa cuisine. Alors il y a des fleurs, des légumes, des monticules, des montagnes. Des montagnes où j’ai commencé à me mouvoir, dont j’ai parcouru la roche et perçu enfin la couleur, après des années de travail monochrome. »


Des blettes, terre cuite. © Jérémie Gignoux

Mon corps et des anémones, 120 × 80 cm. © Jérémie Gignoux

Anémones, 70x50cm. © Jérémie Gignoux

Corps végétaux, 50 × 70 cm. © Jérémie Gignoux