
5 avril- 9 juin 2025
Exposition de printemps 2025
On ne sait jamais ce que le passé nous réserve – Céramiques
Robin Appel
Louis Hoch
Regina Sigmaringa
Tamar
Vernissage le samedi 5 avril à partir de 17h


Quelques mots sur l’exposition
Jeanne et Norbert Pierlot se sont installés à Ratilly en 1951 et ont su profiter d’une matière essentielle au développement de leur épanouissement artistique, l’argile. Cette terre grise bleutée si particulière à la Puisaye a permis pendant des siècles le développement d’une économie locale par le biais de petites entreprises familiales de potiers, tuiliers et briquetiers. Riches de ce passé, certains potiers, à partir des années 1950, s’éloignent d’une production purement artisanale pour développer un travail plus personnel où les formes et les couleurs prennent une grande liberté.
L’exposition « On ne sait jamais ce que le passé nous réserve » réunit quatre céramistes dont les cheminements sur les terres poyaudines ont nourri leurs œuvres de terre grise, enivrées d’émaux et caressées par les flammes. Ils font partie des héritiers d’une longue histoire qui malgré ses évolutions se perpétue par fascination de la terre, de l’eau, du bois, de l’air et du feu.
Tamar, Regina, Louis et Robin ont suivi une spécialisation création au sein de l’EMA-CNIFOP, l’Ecole de Métiers d’Art et Centre d’Initiation et de Formation à la Poterie, à Saint-Amand-en-Puisaye à quelques kilomètres de Treigny.
Cette expérience leur a permis de consolider leurs compétences techniques et esthétiques, et d’affiner leurs recherches sur la matière par l’apprentissage de différents types de cuisson.
Leur invitation à Ratilly propose de mettre en valeur ces recherches.
Il est difficile de concevoir une rencontre pour des céramistes avec le lieu sans preuve du feu.
Une cuisson au bois a eu lieu au sein du château ; une cuisson symbolique, car elle a non seulement réuni les quatre artistes autour d’un événement qui les anime, mais également permis de réchauffer le premier four utilisé au château, endormi depuis 30 ans.
Certaines céramiques, encore chaudes, font partie de l’exposition et un documentaire témoigne de cette chaleureuse rencontre.
Mathias Pierlot

©Jacques-Olivier Trompas
Regina Sigmaringa
Il y a des intervalles de temps dans la vie où je me sens en phase avec l’univers et ma propre histoire. Et me voilà projetée dans un de ces moments très précieux.
Magie des moments vécus et des vibrations ressenties lors de la réalisation de cette exposition au Château de Ratilly.
Moment de synchronicité. Évidence de l’argile comme médium. Des interactions matière, lumière, couleur qui se font intuitivement et qui nous embarquent dans des espaces plus subtils.
Moment rare où mon intuition féconde rayonne plus librement dans la rationalité cartésienne. Échanges singuliers avec la terre, matière malléable, parfois capricieuse, vivante et à l’écoute, miroir et éponge, qui me permet de communiquer l’intangible par sa matérialité.
Infinies alchimies possibles qui traduisent mes ressentis intimes. Créativité imprégnée de l’esprit de finesse et de l’énergie qui règne dans ce lieu.
Robin Appel
Mon travail sculptural emprunte aux techniques traditionnelles potières, tant au façonnage qu’à la cuisson ; je prépare les terres amoureuses poyaudines au pétrin de boulanger et je les cuis au bois. Le plus souvent, j’utilise un four Anagama, originaire d’Asie, qui se rapproche des anciens fours couchés utilisés en Puisaye.
Avec ce travail céramique, je tente de mettre en lumière des analogies entre des formes communes du territoire pour les faire dialoguer : les trognes et les bouteilles, les charpentes en bois, les murs en pierre et les cheminées en terre.

©Jacques-Olivier Trompas

©Jacques-Olivier Trompas
Tamar
De cette nature que mes yeux avalent
De ce magma d’émotions qu’est la vie même
Mes mains restituent un objet tangible
La terre m’interpelle me provoque
A une intention elle apporte une direction
Je m’adapte contourne je m’engouffre
La terre m’invite à un voyage intime
Je chemine je me construis
Je fais des briques
Récalcitrantes
Qui ne s’assemblent ni ne s’empilent
Mais s’émancipent en une architecture propre
J’interroge ces pièces forteresses qui éclatent
Et se déchirent sous une pression intérieure
Nées de mes mains sans dessein véritable
La terre é-moi venons de faire connaissance
On s’explore dans une retenue
Que le temps libèrera
Louis Hoch
Mon travail s’inscrit dans une recherche continue sur les matières premières sauvages. Je glane des matériaux autour de mon lieu de production et dans les territoires que je traverse : argiles, sables, oxydes de fer, kaolin, marnes, granits, feldspaths…
La production s’oriente alors naturellement vers des émaux et des pâtes céramiques produites dans mon atelier.
Ma pratique artistique se déploie en grande partie à travers l’interrogation des procédés de fabrication. En donnant comme point de départ à ces derniers mon espace environnant et les matériaux disponibles régionalement, je dresse un ensemble de contraintes qui cadrent mon travail.
Dans cette démarche, comme une forme de consolation, je tente de traduire l’idée d’une digestion de nos ruines, de nos restes par la terre, aidée par le pouvoir des temps géologiques.
Parallèlement à cette production, je livre pour cette exposition à Ratilly quelques pistes pour tenter de retrouver la trace d’une bande de pillards qui, en hiver de l’an 1570, aurait occupé le château alors abandonné des seigneurs.

©Jacques-Olivier Trompas
Le réveil d’un four endormi depuis plus de 30 ans
C’est dans le tout premier four de Ratilly, construit en 1953 par Jeanne et Norbert Pierlot, de conception Sèvres, que les potiers ont réalisé une cuisson, une première depuis décembre 1993.
Robin Appel, formé et adepte de la cuisson au bois, a mené avec Mathilde Delas, potière au sein de l’atelier des grès de Ratilly, une restauration du four avec notamment une aide matérielle de l’entreprise Solargil.
Les 15 et 16 février 2025, les 4 potiers céramistes de l’exposition “On ne sait jamais ce que le passé nous réserve” accompagnés de Mathilde Delas et Nathalie Pierlot ont cuit leurs pièces pendant près de 24h pour atteindre 1330°C.
Cette cuisson a été immortalisée par le photographe Jacques-Olivier Trompas, auteur du magazine ART.POY dont le 3ème numéro couvrira les différentes étapes de cet évènement.
Federica Paletti et Alexis Pierlot, deux réalisateurs, ont également suivi cette cuisson ; elle fera l’objet d’un documentaire diffusé lors du vernissage et tout le temps de l’exposition.
©Jacques-Olivier Trompas